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Les naufragés d’Ogoz – Isabelle et Quentin Van Wynsberghe

Quatrième de couverture

Sans famille, Gabriella souffre du syndrome du cœur brisé. Seule une transplantation la sauverait. Le rétablissement spectaculaire de la greffée intrigue son physiothérapeute. Submergé par le doute, celui-ci remonte la piste du cœur. Il se plonge alors dans les méandres d’un sombre destin, englouti par la transformation géographique, économique et technologique de toute une région.

Pourront-ils, ensemble, révéler les tragiques secrets de l’enfance volée des naufragés d’Ogoz ?

Présentation

Dans ce roman, les auteurs nous font voyager d’une époque à une autre. En 2008, Émilie décède dans d’étranges circonstances, et son don d’organe permet de sauver Gabriella, conservatrice du musée Giger à Gruyères. La greffe se passe bien, un peu trop bien selon les médecins de la jeune femme, ce qui les pousse à faire des analyses supplémentaires. Et ils découvrent que les deux femmes sont de la même famille, or, Gabriella est orpheline, abandonnée à la naissance. En explorant l’histoire familiale, intrinsèquement liée à celle de la construction du Lac de La Gruyère, nous suivons la résolution du crime d’Émilie.

Gabriella noue une amitié avec son physiothérapeute Alex et ensemble, fouillent dans les secrets de famille pour découvrir la véritable identité du meurtrier d’Émilie. Gabriella se découvre une force qui lui sera très utile pour soulever les voiles d’ombres de son passé et ses origines. C’est d’ailleurs tout le sujet du livre : l’histoire familiale participe à la construction de soi. Les secrets occultent la vérité pour sous prétexte de préserver les êtres et les ménager, or ils finissent souvent par blesser lorsqu’ils sont révélés. Tout le roman est une recherche d’identité, dans laquelle Gabriella s’empresse de plonger afin de se connaître ses origines étranges, surprenantes.

L’autre grand thème du roman, c’est le don d’organe. Car si Gabriella survit à son syndrome du cœur brisé, c’est grâce au don d’Émilie. Le don d’organe, un sujet encore relativement lourd, qui concerne chacun d’entre nous. Une décision difficile, qui soulève des questions éthiques, abordés dans ce récit. Si Émilie n’avait pas été tuée, Gabriella n’aurait pas survécu sans ce don, alors comment poursuivre sa vie de greffée en sachant qu’il a fallu que quelqu’un d’autre meure ? Cette nouvelle vie ne devient-elle pas celle du défunt ? Ces questions font partie de la réflexion de la conservatrice.

Elle faisait de drôles de rêves depuis la greffe. Et cela n’était pas lié aux drogues, enfin aux médocs. Préférant les ignorer, elle saisit un magazine au hasard et le feuilleta distraitement. Elle soupira en le rejetant nonchalamment sur les autres. Renfoncée dans ses oreillers, elle ferma les yeux. Elle l’entendait. Un battement différent et pourtant tellement intime. S’y habituerait-elle ? Elle ne voulait pas l’écouter. C’était encore un … étranger. Sa main se leva, dubitative. Lentement, elle s’approcha de sa poitrine, hésitante, à moins de cinq centimètres de son sein. Elle se replia, fermant le poing.

Le récit est construit avec un rythme rapide, dû aux nombreux dialogues. Cette histoire pique notre curiosité. La mort d’Émilie est suspecte et le suspense est présent dès les premières pages. Nos auteurs nous entraînent d’un personnage à l’autre, construisant leur narration sur l’histoire de la famille de Gabriella en 1947, intimement liée à la construction du Lac de La Gruyère, et celle actuelle de Gabriella.

L’édification du Lac a eu de nombreux impacts sur la vie des gruériens. Et c’est toute une partie de l’histoire de la région qui nous est racontée dans ce polar.

L’écriture est simple et très imagée. Certains paragraphes descriptifs nous laissent pleinement le temps d’admirer les paysages magnifiques de Gruyères et du Lavaux grâce à leurs descriptions précises – parfois peut-être un peu trop. La plongée dans l’univers étrange, fascinant et dérangeant du Musée Giger, s’oppose à l’ambiance rurale de la Cité.

Nous nous attachons aux personnages et la voix du meurtrier s’impose par le je le temps d’une page. Cette soudaine interaction avec le tueur nous tient en haleine et contribue à notre envie de poursuivre la lecture.

Ils allaient un peu plus haut, juste avant le château. Ils montèrent la rambarde, passèrent l’arche reliant les deux côtés d’un solide bâtiment ancien et virèrent sur la gauche. Même un œil inattentif n’aurait en aucun cas pu manquer le spectacle détonnant sur son environnement, qu’ils ignorèrent, par lassitude.

Que dire de plus ? Les auteurs nous prennent au jeu et résultat, le livre se lit tout seul!

J’ai beaucoup aimé découvrir l’histoire de la région de Gruyères, d’autant plus qu’elle est bien documentée.

Le thème familial peut être compliqué à développer, mais je trouve que c’est percutant qu’il soit abordé dans un roman à quatre mains, écrit par une mère et son fils.

Informations générales

Editeur : Editions Montsalvens

https://www.editions-montsalvens.ch/produit/les-naufrages-dogoz/

Date de parution : Juin 2021

Prix indicatif : Fr. 22.00

Nombre de pages : 240 pages

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