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Finsternis – Louis Collet

Après ma visite en librairie la semaine dernière, je suis repartie avec le livre de Louis Loup Collet, intitulé « Finsternis » et publié par art&fiction.

Quatrième de couverture

« La réalité augmentée existe depuis longtemps. Elle existe depuis que les humains se racontent des histoires et vivent avec elles ». Sous-titré « carnet de lecture » , le recueil de textes de Louis Loup Collet peut se lire en réalité comme le roman d’apprentissage d’un jeune homme de 28 ans dont l’initiation et l’amour – absolu – de la lecture a débuté à l’âge de six ans. En une centaine de pages, l’auteur nous confie le bréviaire de ses rencontres littéraires, artistiques et philosophiques. »

***

Ce livre, d’une centaine de pages, m’a convaincu dès la première phrase de la quatrième de couverture.

« J’avais dix ans quand je me suis dit pour la première fois que je ne voulais jamais arrêter de lire jusqu’à ma mort. »

Cette phrase résume parfaitement tout ce que l’on trouve dans ce texte : la passion de la lecture, l’art, la poésie des mots et le passage du temps.

« La notion de report de la fin m’intéresse, car elle suggère que la fin a toujours été présente depuis le commencement.

On peut considérer que la fin survient en permanence puisque, sans terme défini, il est possible de poursuivre indéfiniment le travail mais aussi de l’arrêter n’importe quand. »

 

Tout comme votre livre préféré, on aimerait qu’il soit infini, tellement on est immergé dans l’histoire, les personnages et les intrigues. Et pourtant, dès le départ, il y a un accord tacite entre l’auteur et le lecteur. On sait que l’on achète une histoire et que cette histoire aura une fin. Physiquement, un livre est un objet fini. Il a une couverture et une quatrième de couverture. C’est entre ces deux extrémités que la magie opère. On peut établir un parallèle avec notre vie. Il y a le commencement – la naissance – et la fin. Et ce qui est intéressant, c’est aussi ce qu’il y a entre ces deux extrémités. C’est ce que décrit Louis dans son ouvrage. Il explique que la vie n’a de sens que parce qu’elle a une fin, qui peut survenir à n’importe quel moment. Pourtant, même en sachant qu’il y a une fin, cela ne nous empêche pas d’agir, de remplir les pages du roman. Car agir, c’est laisser une trace de notre passage à un moment donné. Finalement, ce qui est vraiment important, c’est d’avoir agi, en sachant que la fin a toujours été présente en filigrane.

J’apprécie énormément ce texte, car il n’est pas fataliste. En réalité, j’aime l’espoir qui en émane, grâce aux souvenirs de l’auteur, à la poésie qu’il découvre et partage à travers ses propres expériences. Tout en mettant au centre l’idée de la finitude dans un monde qui pourrait sembler infini (comme l’argent, le temps, la nature, par exemple).

On retrouve également l’idée que chaque instant a sa propre forme, son identité, en quelque sorte. Chaque moment vécu est unique et difficile à appréhender. Mais il laisse des traces, tout comme une rivière.

« On peut ressentir dans ses toiles cette même présence du temps que lorsqu’on observe une rivière. »

Les moments sont insaisissables, mais ils laissent leur empreinte, que ce soit dans le marbre ou dans les mémoires.

J’ai également envie de vous parler d’un chapitre qui m’a particulièrement plu : « Développer ». À l’école, je n’aspirais qu’à une chose : apprendre à parler allemand. Cette langue me semblait exotique, et elle avait l’avantage que mes parents ne la comprenaient pas. Ainsi, je pouvais écrire en toute liberté dans mes journaux intimes sans craindre qu’ils les lisent. Mais l’allemand a été une révélation lorsque j’ai découvert qu’il était possible de fusionner des mots pour en créer de nouveaux (bien que cela soit un véritable calvaire lorsque je tombais dessus dans les Lesen et devais chercher la traduction dans le dictionnaire…). Comme l’auteur, j’ai découvert la poésie d’une langue, cette capacité à prendre un mot et à le voir se combiner avec d’autres, lui conférant un deuxième niveau de lecture.

« Mother.

La mère, c’est elle.

Mother.

À moins que la mère ne soit l’autre.

Mother.

Et s’il s’agissait plutôt d’un papillon de nuit ? »

Un mot banal, qui pourtant renferme d’autres significations liées à l’histoire de la langue. Et on retrouve cela dans toutes les langues. Quel plaisir de découvrir de nouveaux mots-valises lors de mes lectures. Relire la phrase et découvrir une nouvelle signification, simplement grâce à la beauté de la langue. Je suis convaincue que dorénavant, vous aussi, vous allez chercher ces mots composés.

Je ne fais qu’effleurer le contenu de ce livre qui m’a beaucoup plu et touché, tant par son contenu que par la belle plume de l’auteur. Il est fort probable que je le relise, rien que pour chercher ces mots composés et découvrir un nouveau texte.

Informations générales

Editeur: art&fiction

https://artfiction.ch/produit/finsternis

Date de parution: Juin 2023

Prix indicatif: Fr. 14.90

Nombre de pages: 120 pages

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