Pour cette première lecture du week-end, je vous emmène entre Genève et le Cameroun. J’avais très envie de découvrir le roman de Max Lobe « 39 rue de Berne ». Et je n’ai pas été déçue!
Quatrième de couverture
A 16 ans, la mère de Dipita atterrit du Cameroun en Europe, où elle est brutalement plongée dans le monde de la prostitution. Depuis, elle se débrouille. Sa naïveté, sa générosité et sa beauté lui permettent de survivre, malgré un «camion de haine dans son ventre ».
Elle raconte sa vie à Dipita, qui aime autant l’écouter que lui couper la parole pour continuer l’histoire lui-même. Dipita aime aussi son oncle et sa manière de vitupérer à longueur de journée les huiles de son pays, même si c’est lui qui a jeté sa mère dans les filets des « Philantropes-Bienfaiteurs ». Dipita aime encore celles qu’il appelle « ses mères » ; elles participent à son éducation, aux commérages et aux réunions de l’AFP (association des filles des Pâquis) et elles accepteront de manière déconcertante que leur petit Dipita devienne comme ça.
Dans une langue haute en couleurs et inventive, le narrateur décrit avec finesse aussi bien la réalité des Africains sans papier que les paradoxes et les souffrances d’un tout jeune homme noir et homosexuel.
Avis
C’est un roman que j’ai particulièrement aimé, de part les thèmes, bien que difficiles abordés, mais par la langue surprenante et vivante de Max Lobe.
Nous suivons l’histoire de Mbila, jeune camerounaise envoyée en Europe grâce aux « Philantropes-Bienfaiteurs ». Une association qui aide les familles à envoyer un de leur membre pour les aider à sortir de la misère. Une bien belle façade, puisqu’il s’agit en réalité d’un réseau de prostitution, dans lequel est lancée cette jeune de 16 ans. Pendant deux ans, elle appartient à cette association, puisqu’elle doit rembourser les frais qui ont été déboursés pour qu’elle puisse venir à Genève. Enfin libre après deux ans… Enfin libre, pas tellement, puisque son passeport ne lui permet rien en Suisse, si ce n’est le droit d’être renvoyée au Cameroun.
Max Lobe nous dépeint dans son roman la dure réalité de ces immigrées, qui se retrouvent piégées dans un réseau de prostitution, contraintes d’y rester même après que leur « dette » soit payée.
Cette histoire, c’est Mbila qui la raconte à son fils Dipita.
Sa mère et les autres filles de l’Association des filles du Pâquis, sont sa famille, qui le protège, qui lui permettent de rêver son avenir, mais également de se découvrir et de s’accepter. Car pas simple d’accepter son homosexualité lorsque l’on vient d’une culture qui le réprimande. Mais bienveillance et respect sont les mots qui entourent Dipita dans sa vie d’adolescent, qui découvrent l’amour, la trahison aussi.
Malgré une histoire sombre par ses thèmes, c’est un roman vivant, drôle, et touchant.
Je ne peux que vous le recommander!
Et vous, qu’en avez-vous pensé?
Informations générales
Editeur: Editions Zoé
https://www.editionszoe.ch/livre/39-rue-de-berne-2
Date de parution: Janvier 2013
Prix indicatif: Fr. 26.-
Nombre de pages: 192 pages